Les fêtes de Noël, toute association religieuse mise à part, sont avant tout devenues aujourd’hui des odes à la consommation. Commençant avec l’introduction de l’ « American Way of Life » en France dans les années 50 (littéralement : mode de vie américain, traduisant le changement des habitudes de consommation et de travail de plus en plus américanisées depuis la fin des années 40), les gestes de générosité et de partage si présent dans le discours chrétien ont rapidement fusionné avec une consommation de masse. Cette transformation est encore en cours aujourd’hui, comme nous pouvons le vérifier avec la rapide introduction du « Black Friday » il y a quelques années en France (littéralement : vendredi noir, lendemain de Thanksgiving aux USA, jour pendant lequel les magasins bradent énormément leur prix pour booster la consommation déjà saturée juste avant les fêtes).
Cette surconsommation qui touche aujourd’hui de plus en plus de pays, pose évidemment de nombreux problèmes, qui encore récemment faisaient la une de tous les médias. Cette surconsommation est rendue possible grâce à une surproduction des entreprises, qui dans une logique de croissance continue de la rentabilité, cherche à optimiser leur profit en délocalisant leurs usines dans des pays ou la main d’œuvre est moins chère et ou les normes écologiques sont moins restrictives. Dans une urgence écologique ou nous prenons conscience de notre impact individuel sur l’avenir de la planète, les habitudes de consommation sont au cœur des propositions de solutions.
Ces solutions, qui ont longtemps été débattues et réfléchies, nous paraissent aujourd’hui comme évidentes : une production plus locale, avec l’assurance d’une écologie plus respectée et d’un.e travailleur.euses mieux rémunéré.es. Un parcours de production qui évite de grands trajets polluants pour des marchandises locales de meilleures qualités.
Cependant ces marchandises sont souvent l’œuvre de travailleur.euses indépendant.es ou d’artisans, qui ne bénéficient pas de la couverture médiatique des grands groupes industriels, et qui peinent parfois à se faire connaitre et à vendre leurs produits. C’est pourquoi ils s’organisent pour porter haut et fort les couleurs du made in France lors de la période de Noël.
C’est le cas par exemple du « Véritable marché de Noël Made in France de Paris » lancé en 2015 crée par Créa’MIF, qui a regroupé en 2016 des dizaines de créateurs.trices français.es. Ce marché proposait aux artisans de vendre directement leurs produits aux consommateurs.trices en s’inscrivant sur internet. Depuis, l’événement se reproduit chaque année canal saint Martin
[1] (cette année, l’événement aura lieux du 14 au 16 décembre).
Cette initiative avait aussi été réalisée grâce aux soutiens de Ghilsaine Arabian (grande chef de cuisine) et Grâce de Capitani (comédienne belge) à la défense en 2017, ou une trentaine de producteur.trices et d’artisans avaient pu proposer leurs fabrications directement aux consommateur.trices.
Il existe aussi des sites internet listant l’ensemble des boutiques vendant du Made In France, permettant ainsi de s’organiser et d’être au courant des opportunités près de chez soi. C’est ce que propose le site de la FIMIF, la Fédération Indépendante du Made In France. Ce site énumère ainsi des centaines de boutiques indépendantes proposant des produits authentiques et locaux. D’autres sites proposent des annuaires du made in France, comme par exemple le site Madine France, qui se veut « 1er annuaires du made in France ».
La plupart des autoentrepreneur.ses utilisent majoritairement comme moyen de médiatisation les réseaux sociaux comme Facebook, twitter ou encore Instagram, sur lesquels de nombreux hashtag recensant les produits made in France existent, et ou les coordonnées des producteurs sont à portées de cliques.
Les périodes de fêtes sont les périodes ou les conséquences de la consommation de masse sont les plus fortes. Ainsi, c’est le moment ou l’impact de la consommation locale sur les grandes entreprises industrielles est le plus important. Aujourd’hui, les nombreuses organisations regroupant les producteur.trices Made In France permettent de se voir proposer un large panel de produits authentiques de meilleure qualité, pour tous les prix, recréant une proximité entre le producteur et le consommateur et rendant aussi une consommation plus éthique possible. Cette nouvelle habitude de consommation, lorsqu’elle sera généralisée, aboutira à faire pression sur les décisions politiques, et à terme, permettra la généralisation de ce mode de consommation. En attendant, il n’appartient qu’à nous de faire vivre nos entreprises locales.
[1] https://www.facebook.com/Cr%C3%A9aMIF-1700707453505204/?eid=ARD2RPGC8EkxtgElV6YE2gZCrMxH2LlM-NCAW5ry-eRWQpgxTEYYr7V5l_hB7ZqKqqWHTV3A7GCkxzNp